Choc culturel

Ce n'est jamais là où on pourrait s'y attendre : pas sur les habitudes alimentaires, pas sur les signes et modes de communication - même si le "hug" j'ai quand même beaucoup de mal, c'est un geste qui me mets plutôt mal à l'aise - pas sur les habitudes au travail, à la fac, les coutumes vestimentaires etc. Preuve qu'il y a une tendance de fond à une certaine uniformisation de nos sociétés occidentales...

Mais je ressens pleinement ma différence culturelle quand la relation employeur/employé prend fin. Pas la mienne, hein, je rassure tout le monde, mais celle de mes collègues.
Je suis toujours soufflée par la rapidité et la réactivité avec lesquelles les choses sont menées. Exemple de vendredi dernier, le matin : le directeur du R&D passe me voir dans mon bureau, et m'annonce qu'aujourd'hui est son dernier jour, qu'il part, ou plutôt, selon ses propres termes, qu'on lui a demandé de partir !! A savoir, il y a à peine 10 jours, j'étais dans son bureau et on discutait des embauches à venir prévues dans son budget... Et clairement, à ce moment là, il ne se voyait pas partir... (je m'avance peut-être un peu en affirmant ça, mais franchement, vu la nature de notre conversation, et le fait que ce soit lui qui voulait discuter du sujet, le mec n'était pas partant dans sa tête !) Bref, en début de semaine dernière : "arrangeons-nous pour que tu partes". Et vendredi dernier était donc son dernier jour...
Et cela vaut aussi pour les départs volontaires ! Ce même vendredi nous avons fêté le départ d'une des chefs de produit junior : après avoir changé de département et pris une promotion il y a 15 jours, elle a annoncé en début de semaine qu'elle avait trouvé un boulot ailleurs. Et elle finissait donc ce vendredi !

Le propos n'est même pas de savoir si je trouve ça bien, mieux, mal, pire que le mode de fonctionnement français... Il y a clairement du pour et du contre. Mais quand on me pose la question du choc culturel, voilà à quoi ça ressemble, de mon point de vue. Le fait d'être en territoire nouveau n'est pas en soi une source de choc. On s'adapte, on tire vite des parallèles avec ses habitudes "back home". Mais la (encore jeune) salariée en moi, élevée au "je te pourris la vie jusqu'au dernier jour de ton préavis alors que tu as décidé de partir" (pas de jaloux, mes 3 employeurs français m'ont fait le coup) et au "même si on me vire, j'ai 3 mois de salaire assurés pour me retourner", est soufflée a chaque annonce de ce type, surtout pour des postes à responsabilité (Eric, le directeur R&D en question, gère tout de même un budget entre 3 et 4 millions de $). Et elle est la seule... (et c'est à ça qu'on reconnaît le choc culturel !)